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La Bourse d'Affrètement de Saint-Mammès

L’ancienne bourse d’affrètement de Saint-Mammès

De 1940 à 1960

A St-Mammès, le bâtiment central, dit de la Bourse d’affrètement a connu après la Seconde guerre mondiale une reconstruction. A partir de l’été 1941, l’Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Directeur régional de la Navigation, présente des rapports au sujet de la construction d’un bureau d’affrètement à St-Mammès dans lesquels il expose un projet consistant dans « l’aménagement d’une maison appartenant au Service du Canal du Loing ». Il demande de lui faire déléguer soit un crédit d’un million de francs pour l’ensemble des travaux soit un crédit de 900 000 francs pour les travaux sans l’aménagement du logement du Directeur du Bureau. Cette construction est autorisée par décision ministérielle le 2 juin 1942.

Les travaux débutent aussitôt mais sont interrompus pendant l’année 1944. Ils recommencent, au rythme où reprend la navigation, au cours de la seconde moitié de l’année suivante. L’entreprise Venet est chargée de la première tranche de travaux, correspondant à l’aménagement des sous-sols et l’édification du nouveau bâtiment jusqu’au plancher haut. L’Administration assure la fourniture des matériaux, ce qui était justifié par leur pénurie et « la réglementation appliquée à leur commerce ».

L’édification est de nouveau stoppée en 1946, après exécution du rez-de-chaussée, par suite de manque de crédits, les prix ayant considérablement augmenté depuis l’estimation faite 4 ans auparavant. En mai, l’Ingénieur en chef B. Gaspard propose de limiter les travaux à l’achèvement de cette première tranche comportant « l’aménagement du rez-de-chaussée jusques y compris la dalle de béton armé formant le plancher haut de ce rez-de-chaussée, de manière à mettre la construction à l’abri des intempéries », ce que l’entreprise n’a pas réussi à finaliser. L’ensemble est réévalué ce qui déclenche l’ouverture d’un crédit supplémentaire. Le montant des dépenses est augmenté à 10 millions de francs par décision ministérielle du 21 juin 1946 mais ce n’est qu’en 1949 que l’Ingénieur en chef est invité par le Ministre à venir « parler de cette affaire avec le projet des travaux en cause ».

Dans les caves, on distingue le chainage périphérique horizontal et la dalle de béton
Photo : B. Biard

Le rapport qu’il rédige alors indique : « Le projet reposait essentiellement sur l’hypothèse, alors admise, que la quasi-totalité du gros œuvre de l’immeuble serait conservée et que les travaux consisteraient en une remise en état et un aménagement important certes, mais se limitant pratiquement aux toit, planchers, plafonds et distributions intérieures. Or il apparut dès le commencement des travaux et notamment après la démolition du toit, que l’ensemble de la construction, notamment les murs porteurs, était dans un état bien pire que celui que l’on avait escompté. De proche en proche, on fut conduit à constater qu’il n’était vraiment pas possible de conserver mêmes les murs porteurs, et les travaux entrepris dans le but de reconnaître les parties défectueuses de la construction aboutirent en fait à sa démolition quasi-totale. »

Archives Nationales – 19770762/6 Deuxième bureau des voies navigables (direction des ports maritimes et des voies navigables). Cliché B. Biard.

Un rapport d’octobre 1950 établit « qu’en raison des dégradations croissantes que subissait cette construction dépourvue de couverture, et en raison de la nécessité d’offrir un local convenable à la Bourse d’Affrètement de St-Mammès, Bourse classée en 2e catégorie, affrétant certaines années 1 million, de tonnes et centre d’une importante circonscription s’étendant de Vives-Eaux à Troyes sur la haute-Seine, de Montereau à Sens sur l’Yonne, et de St-Mammès à Briare sur le canal du Loing, il convenait de rependre et d’achever la construction commencée. » Le Ministre suspend cependant les travaux le mois suivant. En 1952, ils sont toujours à l’arrêt pourtant de « nouvelles et importantes dégradations ont affecté la construction au cours des années 1950-1951 » compte-tenu des pluies abondantes et « il serait indispensable de procéder immédiatement à l’exécution des travaux les plus urgents affectant notamment la couverture de l’immeuble. »

Le coût de la restauration totale du bâtiment est alors évalué à 18 millions de francs et des fonds sont d’office alloués pour effectuer les travaux les plus urgents, c’est-à-dire le clos et le couvert. Au printemps 1954, Monsieur le Ministre des Travaux Publics informe l’Ingénieur en chef, H. Gilbert, qu’il met à sa disposition une dotation de 3 millions de francs destinée à permettre l’aménagement en Bourse d’affrètement « du rez-de-chaussée de la maison éclusière de St-Mammès », l’objectif étant qu’elle soit fonctionnelle dès l’automne 1954. « Car il importe de faire au plus tôt la « relève » de l’installation actuelle, qui consiste en une baraque d’une part très insuffisante en surface, mais aussi et surtout maintenant gravement détériorée. Un plan, du 20 mai 1954, accompagne le projet.

La réouverture du chantier se fera alors. Dès le début de l’année 1955, le rez-de-chaussée accueille le Bureau d’affrètement et la Bourse peut enfin se tenir dans l’immeuble en partie restauré. Il apparaît indispensable de poursuivre les aménagements et l’ingénieur en chef accompagne cette description par la requête de nouveaux fonds.

Archives Nationales – 19820159/151 France. Direction de l’Aménagement foncier et de l’Urbanisme (1944-1998). Plan cadastral, échelle 1/2000e, dressé par M. Noel en 1955. Cliché B. Biard.

En 1959, le bâtiment change d’affectation et devient le Bureau d’affrètement de St-Mammès. Le Service du Canal de Briare et du Canal du Loing (Ponts et Chaussées – Nevers) demande au Ministre des Finances de prendre un arrêté pour soutenir qu’il est et reste gestionnaire de cet « ancien bâtiment, situé sur des terrains faisant parties des dépendances du barrage éclusé de St-Mammès – Canal du Loing » – Le Service de la Direction des Voies Navigables (Paris) doit lui remettre le nouveau bâtiment qui l’a remplacé pour servir de Bureau d’affrètement.

Le rapport des ingénieurs en chef en date du 8 -10 juin 1960 mentionne les plans du bâtiment – élévation des façades Nord-Est, Ouest et Sud, plan du Ier étage et les combles, plan du rez-de-chaussée – manquant dans la liasse d’archives. Les clichés aériens de l’IGNF fin 1938/1958 renseignent en partie sur l’état du bâtiment (en reconstruction).

IGNF – Argentique, échelle 1/6138, Cliché n°22 du 26 mars 1947. Source Le Portail IGNF, Remonter le temps.

 IGNF – Argentique, échelle 1/5156, Cliché n°283 du 21 avril 1958. Source Le Portail IGNF, Remonter le temps.

IGNF – Numérique, Cliché n°2668 du 18 août 2012. Source Le Portail IGNF, Remonter le temps.

Le personnel de l’Office National de la Navigation (ONN) puis de Voies Navigables de France (VNF) à partir de 1991, organise les opérations et applique les réglementations nationales en matière de transport fluvial. Les mariniers assistent à la séance dans la grande salle, au rez-de-chaussée, organisée trois fois par semaine dans les années 1990. Pour ceux qui sont « en tour », ils pourront se positionner sur « un voyage » à l’appel de la devise de leur bateau. Ils auront auparavant pris connaissance des offres de transports (marchandise, tonnage, prix de fret, destination et calendrier) qui sont affichées sur les tableaux accrochés aux murs.

 Extrait vidéo d’un documentaire montrant le déroulement d’une séance à la Bourse d’Affrètement de Saint-Mammès. Film réalisé en 1993 dans le cadre de l’étude ethnographique « Saint-Mammès, terre de mariniers ». Copyright Elisabeth Cousew.

La « dernière Bourse » a lieu le 31 décembre 1999, à la veille de la libéralisation du transport par voie d’eau.

Carte postale – La Pie

Bourse d’affrètement, écluse et barrage de Saint-Mammès